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Biographie du joueur d'échecs Tigran Petrossian

Biographie du champion d'échecs Tigran Petrossian

Né à Tbilissi (Géorgie) en 1929, Tigran a appris les échecs à la Maison des Pionniers, où il passait des heures à affronter ses camarades. En songes, il jouait un match imaginaire contre J.-R. Capablanca, le tenant du titre.

Une enfance difficile, les années de la guerre et de privation, ont laissé des traces indélébiles sur le jeune Tigran. Ainsi, on apprend à mesurer les choses avec objectivité, à évaluer avec justesse la situation. Or, ce sont deux qualités qui ont caractérisés le 9e champion du Monde.

Mais Petrossian n'a pas appris les Échecs en regardant jouer les autres, comme Capablanca. Pour autant, l'amour du jeu ne l'a jamais quitté. Son premier professeur était Artchil Ebranlidze, un très bon joueur positionnel, qui lui a appris la beauté de la logique et lui a enseigné les idées novatrices de Nimzovitch, comme celles de tous les champions de ce jeu royal. «Pas de hasard, disait Ebranlidze, tout doit être logique, chaque coup doit être le meilleur I» Un enseignement que Tigran va élever au rang d'art, et qu'il défendra par écrit dans une thèse officielle bien des années plus tard. Car le « Tigre » arménien est entré dans l'histoire, non seulement pour son titre mondial (de 1963 à 1969), ou pour ses innombrables succès, mais aussi pour son apport majeur dans le développement de la pensée.


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Clarté, précision, voir encore plus loin dans la compréhension des principes stratégiques, il va focaliser l'attention sur le fait qu'une solution logique peut être contradictoire, et donc, qu'il n'y a pas un sens unique.

Dans une position complexe, la signification de tel ou tel facteur stratégique peut varier. Il n'y a pas que la tactique qui soit dynamique, la stratégie l'est aussi, pour d'autant qu'elle comporte des plans multiples. Au juste, Tigran a démontré que la hiérarchie des facteurs stratégiques peut varier, et qu'à chaque variation, l'appréciation de la position, des plans et des idées change aussi.

Son enseignement a pointé que le dynamisme est inhérent à la stratégie et que ce processus de pensée peut être appris et maîtrisé, révélant en plein jour le caractère dialectique des Échecs. Son style était unique. Il était fondé sur une objectivité extrême, autant que sur Ie recours à la prophylaxie afin d'amoindrir le potentiel dynamique adverse, avant de passer à l'action.

Petrossian va perfectionner notamment, le principe de limitation et d'étranglement de la position, au point que son style sera décrit comme étant celui d'un« boa » (udav) !

Mais il a compris très vite que son talent ne pouvait s'épanouir pleinement en province. En 1950, il rallie Moscou, et son ascension s'accélère.

Sacré champion d'URSS en 1959, il se pare du titre de Challenger officiel en 1962, à Curaçao L'année suivante, il défie M. Botvinnik, et lui ravit la couronne mondiale (+5-2=15).

Il conserve le titre pendant 6 ans, avant de le concéder à B. Spassky, en 1969.

Petrossian était un homme simple et sympathique. Fort du soutien de son épouse il va enrichir son credo créatif, sans jamais souffrir de la terrible pression des résultats, indissociable du titre de Champion. Rona, si fidèle, va le délester de la bonne éducation des enfants, et le suivre partout en compétition. Ainsi mis en confiance, Tigrar perdit rarement.

Il a participé à 10 Olympiades, y jouant 130 parties, pour n'en perdre qu'une ! Un exploit unique ! Il faisait parfois des nulles rapides, car il ne goûtait pas au risque, ni à l'extrême tension. Mais il pouvait s'accrocher dans des positions dites « égales » et faire souffrir son adversaire des heures durant, afin de le faire craquer au moment où la nulle semblait promise.

Il avait l'oeil, et un esprit très vif, étant réputé pour être l'un des meilleur joueurs du monde en blitz... et il excellait au Tennis de Table ! Amateur de musique, il devint malheureusement, presque sourd, et dû utiliser très tôt un appareil auditif. Mais cette surdité pouvait parfois se révéler être un avantage, comme lors de son match des Candidats face à R. Hübner, en 1971.

La salle donnait sur une rue très bruyante, et Petrossian résolut le problème en débranchant son appareil. R. Hübner, quant à lui, fut si troublé qu'il abandonna ce match avant son terme. Lors d'une autre occasion, lors du tournoi de San-Antonio, en 1972, S. Gligoric lui refusa la nulle. Regrettant son geste, le GMI yougoslave voulut retourner la proposition, lorsqu'il s'aperçut que Tigran, « l'Inflexible », avait débranché son appareil. La partie se poursuivit, et 5 coups plus tard, S. Gligoric lâcha prise, puis il perdit le point et ses ultimes chances pour l'obtention d'un prix !

Mais sa santé commença à décliner. Et après trois décennies au plus niveau, cet extraordinaire champion s'éteignit en 1984. Il n'avait que 55 ans, un âge où la plupart de ses collègues étaient loin d'avoir achevé leur carrière.

Petrossian était un penseur original, et il croyait avant tout à ses propre idées.


Extraits tirés de l'article Europe-Echecs, Avril 2003, Darko Anic.

En savoir plus : Tigran Petrossian sur Wikipedia

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