Biographie du champion d'échecs Bobby Fischer
Robert James Fischer, dit Bobby Fischer, est né le 9 mars 1943 à Chicago aux États-Unis.
Ses parents divorcèrent quand il entrait dans sa 2ème année d'existenxe et il ne connut pratiquement plus son père, un physicien originaire de Berlin. Sa mère, née Regina Wender, suissesse, emmena ses 2 enfants successivement en Oregon, en Arizona et en Californie avant de se fixer à Brooklyn dans la banlieue de New-York.
Joan Fischer eut la bonne idée, un jour de 1949, d'aller acheter au drugstore du bas de la rue un nouveau jouet pour son frère : un jeu d'Echecs. Fut-ce le coup de foudre ? On sait seulement que c'est à l'âge de 6 ans que Bobby eut son premier contact avec les Echecs officiels.
A l'école Bobby ne représentait pas le modèle que l'on cite en exemple à toute la classe. Il n'en faisait qu'à sa tête. Doué certes mais incapable de s'intéresser aux matières étudiées, Bobby fournissait le travail minimum pour ne pas avoir d'ennuis.
Un phénomène frappa les professeurs de Bobby : un sens anormalement développé de la compétition. A n'importe quel jeu Bobby se devait de gagner. La perte d'une partie de ping-pong pouvait le mettre dans une rage fole. Ses dons pour les Echecs lui permirent d'être très vite le meilleur joueur de son école et, comme tous les enfants le font, il eut vite tendance à s'interesser exclusivement au domaine auquel il se sent le plus fort.
Contrairement à Capablanca ou Reshevsky, le petit Fischer ne passa pas rapidement du stade de débutant à celui de maître d'Echecs. Quand Bobby eut 12 ans le maître new-yorkais John Collins l'encouragea à aller disputer le championnat junior des Etats-Unis à Lincoln dans le Nebraska. Il termina 20ème sur 25. L'année suivante, il tenta de nouveau sa chance. Stupéfaction. Bobby Fischer, 13 ans, devançait tous les teenagers trop sûrs d'eux et obtenait son premier titre officiel. De retour au lycée, Bobby s'installa au fond de la classe et commença une lecture assidue des revues d'Echecs. La coupure avec l'éducation traditionnelle fut totale 3 ans plus tard. Bobby claqua la porte du lycée de Brooklin et déclara : "Toutes les balivernes qu'ils m'enseignent ne me serviront jamais à rien ! ".
Cette phrase ne sortait pas de la bouche d'un enfant en colère, mais de celle du champion des Etats-Unis Toutes Catégories du jeu.
L'événement s'était produit à la fin de l'année 1957. Reshevsky, vainqueur de l'année précédente, et archi-favori cette fois encore, fut relégué à la 2ème place, à 1 point du phénomène. Bobby ne perdit aucune partie. Outre ses dons de calculateur, il possédait un sang-froid exceptionnel chez un gamin de 14 ans.
A 16 ans Bobby quitta non seulement l'école, mais aussi sa mère, et commença, avec ses premiers revenus de joueur professionnel, à habiter à l'hotel.
L'emploi du temps de Fischer était désormais très simple. Ou bien il se trouvait devant l'échiquier à jouer un tournoi, ou bien, il se trouvait devant l'échiquier dans sa chambre d'hotel à étudier la théorie, à analyser telle ou telle variante.
Hormis quelques joueurs d'Echecs (suffisamment forts pour que Bobby ait quelque considération pour eux), Fischer n'avait pas d'amis. Pas de place non plus pour les femmes dans cette communion avec les Echecs. Il avouera plus tard, éprouver une véritable jouissance en sentant le moment où l'entagoniste voit se profiler la défaite, où son "égo" est anéanti", suivant ses propres termes.
Bobby ne tarda pas à connaitre ses ennemis. Son ascension correspondit à l'ère-Botvinnik, et à l'hégémonie totale des grands maîtres soviétiques sur l'arène internationale. Il faudrait donc les abattre ! Seul contre tout un système Fischer n'a jamais ménagé ses critiques envers les joueurs de l'Est.
L'ascension vers le championnat du monde sembla irrésistible jusqu'en 1962 (victoire à Stockholm). C'était déjà un homme sûr de lui, vêtu de manière irréprochable. Il collectionnait les smokings et conserva cette passion vestimentaire tout au long de sa carrière.
Il ne put rien contre la coalition soviétique lors du Tournoi des Candidats, et c'est Petrossian qui se qualifiait pour rencontrer Botvinnik.
Ce piètre résultat constitua une douche froide pour Bobby. Déçu, écoeuré même, il ne mâcha pas ses mots dans sa critique envers les joueurs soviétiques. "Les russes trichent. Ils ont sclérosé le mondes des Echecs. Je refuse cette formule du championnat du monde qui permet aux russes de jouer en équipe. Je ne participerai plus jamais à un tournoi des Candidats".
Jusqu'en 1965 Robert Fischer disparut de l'arene internationale.
Les protestations de Bobby ne restèrent pas lettre morte. La FIDE changea le réglement du Tournoi des Candidats, empêchant tout entraide nationale entre les compétiteurs. Néanmoins Fischer "bouda" le cycle du championnat du monde en 1965.
Bobby voyait au Mémorial Capablanca à la Havane, l'occasion de faire sa grande rentrée. Le Département d'Etat Américain avait un autre avis et l'interdit de fouler le sol cubain. Celui-ci eut l'étonnante idée de jouer ce tournoi de New-York par liaison télex. Il termina 2ème.
Avant de disparaitre une nouvelle fois pour 2 ans Bobby montrait, qu'il était le "véritable" n°1 en remportant 4 tournois en 67 et 68.
Pendant que Spassky triomphait de Petrossian et devenait champion du monde, Bobby restait dans l'ombre.
La question était dans tous les esprits : Que donnerait la confrontation de l'URSS contre le reste du monde ?
"Le match du siècle" commença début 1970 à Belgrade. Si l'URSS, favorite logique, finit par l'emporter, ce fut avec la marge la plus étroite.
Les yeux du public échiquéen se tournaient désormais vers celui qui pourrait détraquer "la machine à gagner soviétique", Robert Fischer.
Petrossian et Fischer s'accordèrent pour s'affronter en demi finale à Buenos Aires en Octobre 71.
Bobby fit souffrir les organisateurs argentins. La lumière trop accrue à son goût, dut etre changée. Il faudra aussi installer l'air conditionné, les spectateurs ne devront pas se trouver à moins de 10 mètres de l'échiquier, aucune photographie ne pourra être prise durant la partie. Toutes ces exigences achevèrent d'électrifier l'ambiance de ce match.
Fischer remporta le macth.
Jamais une compétition d'Echecs ne connut plus de publicité que la finale du championnat du monde 1972 entre le soviétique Boris Spassky et l'américain Robert James Fischer.
Le monde entier les considérait comme les fers de lance intellectuels représentant chacun un type de culture différent. Au summum de leur force, Spassky et Fischer étaient sans nul doute les 2 plus forts joueurs du monde.
Depuis 1970 Bobby avait écrasé tous les opposants... sauf Spassky. Ils s'étaient rencontrés 5 fois. Spassky l'avait emporté 3 fois et les 2 autres parties furent nulles.
Après de multiples péripéties liées à l'organisation et au lieu de cet évennement, le match était prévu le 2 juillet 1972 à Reykjavik.
Spassky arriva le 20 juin. Les jours passaient et Fischer ne donnait toujours pas signe de vie. Le 2 juillet arriva, sans Fischer.
Fischer, par télégramme de ses médecins, demandent un report de 2 jours puis fit connaitre une nouvelle exigence financière. Fischer arriva, entendu, le lendemain à Reykjavik.
Après de multiples rebondissements invraissemblables, d'esclandres, d'exigences, d'absence (!), le match débuta le 11 juillet et se termina le 3 septembre par la victoire de Fischer au terme de la 20ème partie.
Robert james Fischer devenait le 11ème champion du monde d'Echecs, titre qu'il perdit lorsqu'il refusa les conditions du match en 1975 face à Anatoly Karpov.
La vente des jeux d'Echecs doubla dans le monde, répandant les graines de futurs champions occidentaux. La fièvre des Echecs s'empara même des Etats-Unis. La publicité que créa Bobby pour ce macth, sa façon, appréciée ou non, de faire monter les enchères, firent de lui un millionnaire et lui gagnèrent ainsi la considération du peuple américain.
Il disparut ensuite complètement du monde échiquéen pour reparaître pour quelques matchs, notamment avec Boris Spassky, en 1992 en Yougoslavie alors en pleine guerre civile. Il redisparut ensuite.
Si Bobby avait montré qu'il était le plus fort de son temps, la grande majorité des connaisseurs, même soviétiques, le considéraient désormais comme le plus fort joueur d'Echecs de tous les temps.
Si le style de Fischer n'était pas aussi "chatoyant" que celui de Spassky, ou aussi "félin" que celui de Petrossian, les amateurs du monde entier appréciaient sa manière de conduire une partie d'Echecs. Avec Fischer on ne s'ennuie pas, le combat est lancé dès les premiers coups. Comme Alekhine, il ne cherche pas systématiquement à créer un schéma stratégique gagnant, mais il attache de l'importance à chaque coup en ce qu'il peut recéler de possibilités tactiques. Bobby se montraient très matérialiste en milieu de partie. il n'avait pas peur de se défendre après une capture de matériel.
Extraits tirés du livre "La fabuleuse histoire des champions d'echecs", Nicolas Giffard
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